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Lavaux, site en danger

Le site de Lavaux, inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO et à l’inventaire fédéral des paysages d’importance nationale (IFP), subit à nouveau, malgré une pandémie qui devrait inciter à la raison, des assauts et des attaques de toutes parts, conduites par des promoteurs sans scrupules avides de gain et profitant de la faiblesse du Gouvernement vaudois. A tel point que l’association Sauver Lavaux et la Fondation Helvetia Nostra, fidèles à leur mission, ont décidé de remonter au front par un recours au Tribunal fédéral. C’est donc une nouvelle action au niveau national pour éviter un précédent qui pourrait aller jusqu’à remettre en cause l’inscription du site de Lavaux, avec un énorme dégât d’image pour la Suisse. Le Cheval de Troie des fossoyeurs de paysages est en place et il s’agit désormais de le combattre par tous les moyens.

Lavaux n’est toujours pas sauvé. Deux faits importants symbolisent la réalité de cette menace: d’une part, la validation par le Tribunal cantonal vaudois d’un projet immobilier insensé à Treytorrens (sur la commune de
Puidoux ) et, d’autre part, le refus du Conseil d’Etat vaudois de modifier son projet de Plan d’affectation cantonal (PAC) Lavaux, malgré les oppositions motivées des deux organisations reconnues que sont Helvetia Nostra et Sauver Lavaux.

PROTECTION DE LAVAUX – HÉRITAGE DE FRANZ WEBER

La préservation de la région de Lavaux est clairement inscrite dans la Constitution vaudoise, grâce aux initiatives lancées par Franz Weber. Concrètement, au quotidien, la mise en œuvre de cette protection reconnue du site est conduite et assurée par l’association Sauver Lavaux, désormais sous la houlette de Suzanne Debluë et Vera Weber, association qui agit comme une véritable sentinelle des lieux. Hélas, trois fois hélas, cette vigilance ne suffit pas: malgré l’article constitutionnel et la loi d’application, ainsi que l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO et à l’IFP, devant protéger Lavaux des appétits immobiliers, le site se voit peu à peu grignoté et dénaturé, insidieusement et régulièrement.


Fort des batailles gagnées et de l’esprit général ayant présidé à la sauvegarde du site il apparaissait dès lors légitime de penser que les autorités cantonales vaudoises allaient profiter de l’élaboration – très attendue – du Plan d’affectation cantonal (PAC) de Lavaux pour faire appliquer la volonté populaire, durcir le ton ou, à tout le moindre confirmer une juste volonté de rigueur.


Patatras, c’est tout le contraire! Le Conseil d’Etat vaudois vient de rendre public son projet en le transmettant au Grand Conseil, «avec quelques propositions de modifications du règlement concernant les zones viticoles, les capites et les murs de pierres». Des modifications allant tout sauf dans le sens d’une protection accrue, bien au contraire. Les capites pourraient même être converties en mini-résidences de luxe!

De fait, ignorant totalement les griefs formulés en 2019 par Sauver Lavaux et la Fondation Helvetia Nostra, aux côtés d’autres organisations, l’exécutif cantonal dit vouloir ne proposer que des «nuances» au projet initial. Ces «nuances» doivent toutefois être passées au peigne fin de la critique et de la méfiance, car elles éloigneraient de fait le site de sa vocation historique universellement reconnue: la culture de la vigne. Or, tous les experts s’accordent à reconnaître que c’est cette tradition qui a façonné le paysage et qui assure sa pérennité.

LE CONSEIL D’ÉTAT A FAILLI À SES OBLIGATIONS

«En 2019, nous avions effectivement déjà souligné un certain nombre de failles et d’incohérences dans le PAC Lavaux. Cela concernait notamment le dézonage promis des parcelles constructibles qui n’est pas intervenu et trop d’exceptions permettant des promotions immobilières à la place de bâtiments à destination viticole», explique Suzanne Debluë, présidente de Sauver Lavaux. Et de se montrer très claire: «Le Conseil d’Etat a failli à ses obligations constitutionnelles et propose maintenant au Grand Conseil de valider ces manquements.»


Cette grave tendance à vouloir dénaturer le site se traduit concrètement sur le terrain. A commencer par l’exemple d’un projet démesuré de promotion immobilière lancé à Treytorrens (Puidoux), notamment par le Groupe Orlatti, peu connu pour son amour de la nature et son respect du paysage. Sauver Lavaux et Helvetia Nostra ont fait recours contre ce projet hors normes en 2020, estimant que cette promotion, qui comprend des logements haut de gamme, un hôtel, un restaurant, des commerces et un parking souterrain de 49 places, constitue une aberration, voire un scandale, au cœur d’un hameau protégé en bonne et due forme par l’ISOS. Et pourtant, le Tribunal cantonal, vient de valider ce projet.

RETROUVER L’ESPRIT DE FRANZ WEBER

Face à cette dérive, Helvetia Nostra et Sauver Lavaux ont décidé de monter au front. Elles viennent de déposer un recours au Tribunal fédéral contre ce projet absolument scandaleux. Les deux entités, fortes de leurs expériences, estiment que la Cour cantonale n’a pas évalué tous les intérêts en cause, tout particulièrement l’inscription du hameau à l’ISOS. Il s’agirait alors d’un précédent dangereux pour la protection de Lavaux. A l’image d’un véritable Cheval de Troie.


La volonté d’Helvetia Nostra et de Sauver Lavaux, face à ce danger avéré, est aussi de mobiliser l’opinion publique au niveau fédéral, en sonnant le tocsin médiatique au niveau national, voire international.

PLUS DÉTERMINÉS QUE JAMAIS.

C’est à Vera Weber qu’il convient de laisser le mot de la fin, en sa double qualité de fer de lance de Sauver Lavaux aux côtés de Suzanne Debluë, et de présidente d’Helvetia Nostra: «A ce rythme, Lavaux risque d’être dénaturé, enlaidi et de disparaître petit à petit, ce qui remettrait en question son inscription à l’UNESCO. Puisque le canton ne semble pas prendre son mandat constitutionnel au sérieux, c’est au niveau national que devra se régler la protection de cet héritage unique qu’est le vignoble de Lavaux, à commencer par le Tribunal fédéral. Nous nous battrons jusqu’au bout et lançons dès à présent un appel de soutien à tous les citoyennes et citoyens qui veulent protéger ce site unique».


En conclusion, c’est bel et bien l’esprit de Franz Weber qu’il faut retrouver pour éviter le pire!

Extrait du journal Franz Weber avril-mai-juin 2021 No136

Article écrit par Jean-Charles Kollros, Journaliste.

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