Blog

Plan d’affectation de Corseaux : il est temps de rappeler les politiques à l’ordre !

Un projet de plan d’affectation envisage la construction d’un immense bloc de béton à Corseaux, au beau milieu de la parcelle viticole abritant le célèbre « Clos de Châtonneyre ». Si ce projet venait à aboutir, 10 000m2 de vignes seraient détruits à jamais, au profit d’un établissement médico-social (EMS) et d’une crèche. La FFW et Sauver Lavaux vont tout tenter pour sauver ce pan de terre emblématique pour Lavaux…et l’UNESCO.

Vue aérienne de la parcelle

Créer un problème, pour tenter de résoudre un autre

Nos adversaires ne manquent décidément jamais d’imagination. En octobre 2019, la Municipalité de Corseaux s’est en effet mis en tête de ressortir un plan d’extension partiel vieux de 46 ans, pour mettre à l’enquête publique un nouveau plan d’affectation. Baptisé « EMS Résidence du Léman », ce plan concerne la parcelle viticole du Clos de Châtonneyre. C’est là le problème : s’il venait à être accepté, ce projet autoriserait le bétonnage d’une surface de 10 000m2 au beau milieu d’un vignoble centenaire.

Pour la Municipalité, la construction de la crèche et de cet EMS de 60 places sur 11 mètres de hauteur est « urgente », ce qui justifie selon elle de mettre à contribution le « dernier terrain disponible » de la Commune. Ce que la Municipalité omet de préciser, c’est qu’il existe déjà un EMS à Corseaux ! Ce dernier, qui compte 54 lits médicalisés, n’a pas été mis aux normes depuis 2012 pour d’obscures raisons « budgétaires ». L’environnement des pensionnaires s’est de fait dégradé, au point de devenir « invivable ». Problème : au lieu de mettre en cause le laisser-faire de la Commune et du gestionnaire de l’EMS dans ce qui apparaît clairement comme une négligence coupable, ce laisser-aller est précisément ce qui sert aujourd’hui d’argument pour promouvoir le nouveau plan d’affectation !

Magouilles

Fort heureusement, nous ne sommes pas seuls dans notre indignation : 209 oppositions ont été déposées contre ce projet aberrant, aux côtés de Sauver Lavaux. Face à cette levée de boucliers, la Commune a décidé d’organiser un référendum communal le 19 juin prochain. Hélas, nos adversaires semblent prêts à tout pour imposer leurs desseins : le Canton nous a pris de court en levant les oppositions et en autorisant d’office la destruction de la parcelle, alors même que la votation est toujours en cours ! Fort heureusement, si le plan d’affectation est refusé dans les urnes, ces manœuvres seront rendues caduques : malgré la levée des oppositions, le peuple aura toujours le dernier mot, et l’EMS ne pourra pas être construit si telle est sa volonté. C’est pour cela qu’il est essentiel de rester mobilisés : chaque voix compte, et peut faire la différence !

Mépris de la volonté populaire

Comme le disait Franz Weber en 1972, « le vignoble est une cathédrale qu’il faut protéger. On n’arrache pas la cathédrale de Strasbourg, ni celle de Lausanne. Le vignoble mérite autant de piété que n’importe quelle cathédrale dans le monde ». Or ce que la Commune de Corseaux s’apprête à faire, c’est saccager le précieux vitrail de cette grande cathédrale, si chère à nos concitoyens !

La volonté populaire est pourtant claire : on ne touche pas à Lavaux. La Commune de Corseaux n’a pas été prise en traître : depuis 1977, date à laquelle le peuple vaudois a accepté l’initiative « Sauver Lavaux », qui inscrivait la protection du site dans la Constitution vaudoise, elle a eu 40 longues années pour adapter son plan d’affectation et pour chercher des parcelles pour ses projets de crèche ou d’EMS. Elle pouvait aussi exiger la mise aux normes de l’EMS actuel, et pourtant, elle n’a pas levé le petit doigt ! Par ces agissements, la Commune confirme qu’elle a sciemment choisi, depuis les années 70, d’ignorer la volonté du peuple de protéger les vignes de Lavaux. En effet, si elle n’a cherché aucune alternative et n’a acquis aucune autre parcelle pour pouvoir accueillir ses infrastructures publiques, elle a en revanche distribué des autorisations de construire à tour de bras ! A croire que ses agents municipaux ne se sont jamais arrêtés pour contempler le joyau devant lequel ils vivent…

Parents pris en otage

En liant son projet de construction d’EMS à une crèche, – à Corseaux, ce type d’infrastructure manque cruellement -, la Commune espère sans doute que cette manœuvre lui assurera le soutien des jeunes ménages, désespérés de ne savoir où caser leurs enfants. Ne soyons pas dupes : cela revient à prendre en otage les jeunes parents et à les contraindre à accepter le plan d’affectation, juste pour pallier au manque d’infrastructures publiques ! C’est également les prendre pour des idiots, car il est évident qu’avec autant d’oppositions, le projet de crèche publique ne verra pas le jour avant au moins dix ans !

Enjeu majeur

En menaçant l’intégrité de ce précieux territoire, la Commune ne met pas juste en péril quelques vignes. Si l’on peut se féliciter que le vignoble de Lavaux soit inscrit depuis 2007 au patrimoine mondial de l’UNESCO, il ne faut pas prendre ce privilège pour acquis. En effet, l’UNESCO veille farouchement au strict respect de ses critères : elle n’hésitera pas à retirer de sa liste tout site qui ne répondrait plus à ses exigences. Or en subissant de telles défigurations, c’est bien ce que risque Lavaux ! Faisant l’autruche, la Commune ose affirmer que ce n’est pas la destruction de 5% des vignes du village qui changera quoi que ce soit. Rien n’est moins vrai ! C’est précisément en grignotant quelques cépages « à droite à gauche », en sacrifiant des vignes et en construisant « par-ci par-là » que le vignoble disparaît peu à peu.

Au-delà de ces considérations, qu’adviendrait-il de notre beau pays si chaque Commune se mettait à brader son territoire, et plus particulièrement ce qui fait le précieux patrimoine dont elle a la chance de pouvoir se targuer ! Contrairement à la promotion immobilière, ce que nos ancêtres ont mis des millénaires à façonner n’a pas de prix. Alors ne cédons pas à la facilité et rappelons à nos pouvoirs publics qu’ils ne sont pas seuls décisionnaires en ce qui concerne NOTRE patrimoine !

Lueur d’espoir

La lutte sera serrée, mais tout n’est pas perdu, malgré la mauvaise volonté de la Municipalité. En effet, cette dernière refuse d’envisager d’autres solutions : elle prétend avoir déjà « tout essayé ». Pourtant, il suffirait de mettre aux normes l’actuel EMS et d’écouter les investisseurs privés, qui proposent des projets alternatifs pour accueillir la crèche. Nous ne sommes pas dupes : l’intention de la Commune n’est autre que d’établir un second plan d’affectation spécial (encore un…) qui permettra à des promoteurs immobiliers de détruire le bâtiment actuel et de construire des logements tout le long du lac. Heureusement, avec le référendum du 19 juin, il est encore temps de tordre le cou à ces ambitions destructrices et d’imposer la volonté populaire !

default

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *